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L’ORTHOGRAPHE RECTIFIÉE

Dernière mise à jour: 05/10/08.



OU EN EST LA "RÉFORME DE L'ORTHOGRAPHE ?


VA-T-ON SIMPLIFIER L’ORTHOGRAPHE FRANÇAISE ?
Voir nos INFORMATIONS de Janvier 2009, Page 7.

Il n’y a pas eu en France, depuis 1835, de « réforme » de l’orthographe française. De nombreux projets (v. la thèse de M. Keller signalée dans notre Documentation) se sont heurtés à des oppositions farouches, et ont échoué.
En 1989-90, à l’initiative du Premier ministre, Michel Rocard, des « rectifications » ont été élaborées, proposées, publiées par le Journal officiel de la République (6/12/90), et adoptées par l’Académie française (17/01/91) ; leur application doit être facultative ; les formes traditionnelles restent correctes, un temps (non défini) étant laissé à l’usage pour faire son choix. Pendant ce temps, « aucune des deux formes ne doit être considérée comme fautive ». Pour le détail des rectifications, voir notre LEXIQUE.

Paradoxalement, c’est en France que ces rectifications ont été le moins appliquées. Pendant plus de 15 ans, l’Education nationale les a ignorées, aucun ministre de ne s’étant décidé, sinon à faire appliquer la « réforme », du moins à informer les enseignants des formes nouvelles, qui cessent d’être des « fautes d’orthographe ».
Ce n’est qu’en avril 2007 qu’un bulletin interne concernant l’enseignement primaire a mentionné leur existence, a informé les enseignants que l’on «… s’inscrira dans le cadre de l’orthogaphe rectifiée », et les renvoie au J.O. du 6 décembre 1990.
En 2008 enfin, les programmes du primaire déclarent : "L'orthographe révisée est la référence." Et ceux du collège indiquent que "pour l'enseignement de la langue française, le professeur tient compte des rectifications orthographiques".

Au Québec, les nouvelles orthographes ont fait l’objet de recommandations sélectives de l’Office de la Langue française.

En Belgique, le corps enseignant a été largement informé par les autorités gouvernementales; quelques organes de presse ont adopté les rectifications.

L’association inter-francophone APARO milite pour la connaissance et l’application de la « nouvelle orthographe, et publie un résumé des rectifications.

Paragraphe rectifié en nov. 2007, février et octobre 2008.

LA QUERELLE.
En France, la « réforme » a été mise en cause d’abord, pendant l’été 1990, par des amuseurs, des humoristes, des chansonniers, non sur ses aspects pratiques, ses intentions scolaires, ou son contenu, mais sur quelques exemples burlesques (on se souviendra du nénufar, du sèche-cheveu, du compte-goutte et du tire-fesse).
En décembre se déchaina une campagne violente dont une défense sentimentale du circonflexe fut l’argument le plus efficace et l’arme la plus meurtrière. La riposte fut faible, ou nulle ; les milieux scolaires, qui, à l’origine, avaient souhaité et proposé l’élimination des anomalies les plus criantes, se taisaient. Hostilité déclarée des typographes et correcteurs. Silence significatif de l'Education Nationale.

Pratiquement, en 2007, une partie de la presse française ignore la « réforme », et reste fidèle aux événements et aux ambiguïtés. Plusieurs logiciels de correction persistent à traiter les formes rectifiées (ambigüité, aigüe, interpeler, évènement) comme des fautes. Quelques revues se risquent à « réformer », mais peu de lecteurs s’en aperçoivent.

Le résultat le plus important est que la 9ème édition du dictionnaire de l’Académie cite, en annexes, toutes les formes nouvelles ; qu’elle applique dans les entrées et dans les exemples la norme nouvelle pour l’accent grave (allègrement, cèdera, règlementaire); que quelques entrées (interpeler – imbécilité – chausse-trappe) sont modifiées.
Les autres dictionnaires suivent, prudemment, ou suivront.
[Texte de début 2007]


DU BON USAGE DES RECTIFICATIONS DE 1990.
Ne parlons pas d’une « réforme » de l’orthographe ! Notre orthographe lexicale n’a jamais été l’objet d’une réforme ! Mais elle a subi, du 17e siècle à nos jours, de nombreuses rectifications. De la première édition du Dictionnaire de l’Académie (1694) à la sixième (1835), plus d’un mot sur trois a changé de forme. Si les deux dernières (1878 et 1932-35) ont peu rectifié, la 9e (en cours de publication) tâche de rattraper le retard en publiant les « orthographes nouvelles » élaborées en 1990 par le Conseil supérieur de la Langue française.

Dans le passé, les formes rectifiées remplaçaient, dès leur publication, les formes traditionnelles, qui disparaissaient rapidement des dictionnaires usuels et des manuels scolaires, en France et dans les autres pays francophones. Aujourd’hui, au contraire, l’Académie a souhaité que les formes traditionnelles et les formes nouvelles restent également correctes jusqu’à ce que l’usage ait fait ses choix..

Or l’usage, c’est chacun de nous, chacun et chacune de nous et de vous. Orthonet, appelé souvent à donner des avis sur les formes nouvelles, renseigne, conseille, mais rappelle toujours que, en dépit des raisons linguistiques ou historiques qui peuvent peser dans un cas précis, chaque usager de la langue française, en fin de compte, est libre de ses préférences et de ses choix. Il peut, dans un cas, adopter la forme nouvelle, et dans un autre, rester fidèle à celle qu’il a apprise à l’école ou dans ses lectures. C’est même son devoir de faire des choix motivés et cohérents, comme c’est celui d’un bon citoyen d’user de son droit de vote.

Des mots comme basselissier, dentellière, marguillier, rousserolle, proscenium, etc. intéressent les professionnels : des enseignants, des correcteurs, traducteurs, éditeurs, etc., et surtout les auteurs de dictionnaires, qui, lors d’une nouvelle édition, pourront remplacer marguillier par marguillier ou marguiller, et chariot par chariot ou charriot, s’ils constatent que l’usage n’a pas encore fait son choix. Mais, parmi les usagers que nous sommes tous, inutile d’encombrer notre mémoire de ces formes rectifiées.

Mais il y a des mots qui font partie de séries morphologiques. Il est prudent d’adopter en bloc chacune de ces séries, ou de la rejeter en bloc. Si l’on adopte aigüe et exigüe, il n’y a aucune raison de rester fidèle à ciguë, ni de conserver arguer, que Gribouille fait rimer avec narguer. Le conseil d’Orthonet sera: « adoptez la sage proposition qui consiste à mettre le tréma sur la voyelle concernée, la voyelle u, d’écrire aigüe, cigüe, ils argüaient, etc. et renoncez à cet étrange ë, invention d’imprimeurs de jadis qui n’avaient pas, dans leurs casses, d’ü. Ou, si toute nouveauté vous dérange, conservez cette pratique d’un autre temps, qui intrigue tant nos amis étrangers.

Soyons cohérents, et ne créons pas, dans notre usage personnel, de nouvelles exceptions pour remplacer celles dont on tente de débarrasser les générations futures.


Pour bien utiliser Orthonet, consultez souvent nos DIALOGUES de la page 7 des INFORMATIONS.


POUR DES CHOIX RAISONNÉS
Il y a, certes, des cas où le choix peut obéir à une sensibilité personnelle, et traiter les innovations cas par cas. Le circonflexe sur les voyelles i et u, devenu facultatif, en est un exemple. Un usager sensible à l’image des mots peut le conserver dans l’île, qui sans son accent a l’air d’un pronom manqué, ou dans sûr et sûreté, mais l’abandonner dans la cime, la chaine, dans bruler et leurs dérivés. On peut laisser ses deux L à la rousserolle, et ne pas l'aligner sur la casserole. Quand l’usage aura fait son choix entre le levraut et le levreau, le traditionnel nénufar et l’indésirable nénuphar, quand l’un sera une faute et l’autre un élément de la norme, il sera toujours temps de s’y conformer.

Le désordre régnait dans les composés du type croche-pied, casse-pieds, sans parler de ceux qui flottaient entre de singuliers pluriels comme croque-messieurs, prie-dieux), mais gratte-ciels, des indécis comme « brûle-parfums", et des homophones comme le porte-aiguille, à ne pas confondre avec le porte-aiguilles. Sans parler des divergences entre dictionnaires !

Pour mettre fin, dans cette immense série, à l’insécurité, les rectifications proposent un traitement radical : la marque du pluriel ne s’écrirait plus qu’à la terminaison du composé : un porte-avion, des porte-avions ; un tire-fesse, des tire-fesses, un compte-goutte, des compte-gouttes, un pare-soleil, des pare-soleils. On négligera le sens du terme nominal, comme c’est déjà le cas pour notre portefeuille, la marque du pluriel ne s’appliquant qu’au composé et non à ses éléments. Ce qui mettrait fin aux hésitations et à l’inévitable recours au dictionnaire. ..
Notre solution : Oui, donc dans tous les cas où l’hésitation est légitime, donc quand le sens ne dicte pas la solution. Adoptons : un brûle-parfum, des brûle-parfums. Mais préférons : porte-avions, et « pare-soleil, tous deux obéissant au sens, et invariables.
On écrit bien : un livre d’histoire, des livres d’histoire, mais: un livre de contes, des livres de contes. Pourquoi ne pas laisser écrire les porte-parole, des porte-bonheur », sans –s, mais : un lave-mains, un cure-dents, avec un –s, même au singulier ? Sans cesse l’usage adopte de nouveaux composés, dont en général le singulier et le pluriel se prononcent de même. Faut-il que, quand le sens ne le dicte pas, qu’une norme nous soit imposée ? Ne peut-on pas utiliser un porte-bagage dans certains cas, et un porte-bagages dans d’autres ?

Il est une rectification qu'Orthonet conseille d'oublier tranquillement: celle qui recommande d'écrire: "il étincèle, je l'étiquète, je renouvèle, etc., mais "une étincelle, l'étiquette, une nouvelle", etc. Voir notre page 8.

Reste une proposition où la solution est simple : tout ou rien ! C’est l’accentuation de la lettre E (sauf les mots à circonflexe). Aigu ou grave ?
Deux attitudes possibles : ou bien vous refusez en bloc la « nouvelle orthographe » de l’évènement ; vous essayez même de prononcer ce nom autrement qu’avènement ; et vous réussissez à ne pas confondre j’adhérerai au parti » avec son aigu, et j’y amènerai des amis, avec son grave ; quitte à ouvrir le dictionnaire pour savoir ce qu’exige ce respect de l’orthographe des ancêtres : nous siégerons? ou « nous siègerons?

Ou alors vous notez la règle simple : accent grave quand la syllabe suivante a un « e muet » : fidèlE, fidèlEment, évènEment, , adhèrErai, amènErai, siègErons, etc. Aigu dans les autres cas ; fidélIté, siégèrent, adhérons, etc. Plus d’exceptions ! Plus besoin d’interroger le dictionnaire ! Enfin une image graphique de la prononciation réelle, la régularisation des exceptions sans raison, l’application de la « règle » que pratiquait, en 1740, l’abbé d’Olivet, que rappelait, en 1761, le grammairien Féraud, et dont Littré ne manquait pas, sans être entendu, de demander le respect !
En somme, Orthonet refuse de geler l’orthographe lexicale dans l’état où elle était en 1835. Le patient et prudent travail de nettoyage que l’Académie avait conduit pendant deux siècles, de 1635 à 1835, doit être repris, avec une même prudence.
A notre époque, où le contact avec d’autres langues s’est modifié, où le rôle paternel du latin s’estompe, où l’équilibre entre l’usage écrit et l’usage oral est mouvant, tantôt au profit de l’un (le livre, la presse…, mais aussi la messagerie), tantôt faisant triompher l’autre (le téléphone, la radio, la télé…), comment figer notre image des mots ? Au premier tiers du 19e siècle, il a fallu réimprimer tous nos classiques, et même de grands ouvrages dont l’âge n’était pas celui d’une vie humaine. Et on s’effarouche de rectifications aussi timides ?
Par contre, les propositions du C.S.L.F. ne sont pas faites pour être appliquées en bloc, transformées instantanément en norme, sans mise à l’épreuve, sans transposition dans le réel. Acceptons l’épreuve, moins périlleuse que celle d’un nouveau vaccin. Ceux qui, dans la presse ou l’édition, s’obstinent à ignorer les rectifications les plus sensées ; ceux qui empêchent les enseignants d’en informer la jeune génération, ceux-là, par aveuglement, empêchent la langue de vivre sa vie de langue vivante.


Ne transformons pas l’usage de la langue en dictée à pièges ! L’obéissance à une norme est une pratique saine, mais il ne faut pas voir la norme partout et en faire un esclavage. Laissons son rôle au sens, partout où les choix sont libres !


L'orthographe de 1835 est-elle, comme la République, "une et indivisible" ?
Dans L’EXPRESS du 18 avril 2005, en réponse à la question:« Faut-il simplifier l’orthographe ? », on lit cette déclaration de la présidente de la Société des Agrégés: « La tentative de réforme de l'orthographe menée en 1990 a bien montré toute la difficulté d'une simplification - outre son coût élevé, puisqu'il faudrait mettre au pilon l'ensemble des livres, dictionnaires, manuels, etc ».

En peu de mots, c’est une belle accumulation d’erreurs et d’affirmations gratuites…. et calomnieuses pour les auteurs des rectifications de 1990 (dont bon nombre d’agrégés). Ignorance ? Désinformation ? Faut-il rappeler que du début d’un projet de rectifications (juin 1989) à l’approbation finale par l’Académie (janvier 1991), l’idée d’une « reforme » a toujours été clairement et publiquement exclue, et que l’holocauste des bibliothèques n’a germé que dans l’imagination des fanatiques du statu quo.

Ce qui est grave, c’est que cette déclaration est un témoignage éclatant d’une parfaite ignorance des rectifications proposées par le CSLF, acceptées par l’Académie, bien accueillies par les enseignants d’autres pays francophones, appliquées couramment dans l’enseignement du « français langue étrangère ».

Se prononcer avec autorité sur des textes qu’on n’a pas pris soin de lire, c’est toujours fâcheux.

De la part d'enseignants, c'est un exemple regrettable.

Pour les représentants d’une société qui a pour mission, selon ses statuts, « l'étude de toutes les questions qui intéressent l'enseignement », c’est un incroyable aveu d’irresponsabilité.