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LECTURES

(Texte en cours de remaniement)
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 1. L'orthographe française est difficile. Pourquoi?
 2. Que contient votre dictionnaire ?
 3. Pluriel de noms
 4. Des problèmes d'accord
 5. Participes de verbes réfléchis (accords)
 6. Ce mot existe-t-il ?
 7. Un vieux truc : interrogez votre oreille
 8. H muet ou asp. Liaison, élision, hiatus
 9. L'attraction sémantique : à quoi ça sert ?
10. "Profites-en ! Vas-y !" Impératifs en -s
11. Tout ? ou Tous ? ou Toute ?
12. Un mot étrange : "ON est allés..." ?


31. Des mots absents de votre dictionnaire : "tiens ! tenez ! "
32. Vient du latin… Parlons d’étymologie.
33. Des mots de l'impossible : incontournable ?
34. Se souvenir, se rappeler
35. Nos sièges : de la selle à la chaise
36. La racine FER
37. Clore, clos.
38. En voiture !
39. Imbécile, imbécillité
40. Incluse - mais : exclue. Pourquoi cette différence ?
41. Un fossile : désemparer
42. Des bateau aux trains ; la gare
43. Nos sept jours
44. Courriers d'hier et de demain



Depuis l’époque où Corneille, Racine, La Fontaine, Bossuet siégeaient à l’Académie et puisaient dans l’usage pour composer une norme lexicale, la prononciation a évolué, et la graphie n’a pas suivi. Nous lisons et écrivons des –e, -es, -ent finals que nous ne prononçons plus (sauf chez des héritiers des langues d’oc) ; de nombreuses désinences deviennent muettes, nivelant des participes passés, dont les « accords» sont rarement audibles; la parole néglige des oppositions comme les finales de voudrais/voudrai ; entré(e), entré(e)s, entrer, entrez sont devenus homophones, comme court, cours, courent, et cent autres séries verbales.

Cette ÉROSION DES FINALES DE MOTS a créé des accidents variés dans le lexique. Dans l’expression orale, singulier et pluriel d’un nom sont exprimés non par sa forme (à part des pluriels très minoritaires en -aux, -eux…), mais par le déterminant qui le précède :(les, des, ces, vos…) ; après une simple préposition (de, par, sans…), le nom n’a pas de nombre. Notre site s’obstine à seriner que « les noms ne s’accordent pas », que leur pluriel « n’obéit à aucune règle », que c’est un « choix de sens » qui appartient au rédacteur, non au grammairien… Devant le flot des messages qui nous somment de trancher dans : « ils n’ont pas d’enfant(s) », ou : « les demandes de renseignement(s) », il a fallu la grande page 11 de nos Informations pour plaider le « Sens » et le « Choix » contre « les Règles » ; nous avons même dû ajouter un JEU pour prouver l’absence de « règle », et pour exiger le recours au « sens ». Mais c’est un demi-échec !

La preuve…quotidienne : 05/03/09 offre de services: est-ce que service est au pluriel? .
25/03/09 dans la phrase le traitement est supporté sans nausées, sans
vomissements, doit on mettre nausées et vomissements au pluriel.

Ce que beaucoup de nos mots perdaient dans leurs finales, ils le conservaient à l’initiale. Bien avant de découvrir l’alphabet et de se préparer à la lecture (l’écriture est encore loin), l’enfant sait que quand on nomme quelqu’un ou quelque chose, il y a d’abord un petit mot comme mon (ma, mes), ce (cette, ces…), du (de la, des), ton (ta, tes), etc. ; ainsi se constituent, dans son début de langage, les catégories du GENRE et du NOMBRE. Tout ce qui NOMME les gens, les bêtes et les choses est ainsi classé en genre (très souvent), et/ou en nombre (moins souvent ?) Mais ce qui les décrit : l’ADJECTIF ? Lui conserve sa mobilité entre genre et nombre, même à l’oral, et le fait entendre : sur les dix les plus fréquents, sept conservent un féminin audible : petite – grande – bonne – belle – vieille – longue - blanche…; protection contre l’invariabilité ; alors que LE NOM tend à l’uniformité, en abandonnant la juste distinction du nombre à ses déterminants. Et des jargons techniques ou commerciaux étendent cette invariabilité à l’écrit, en utilisant des noms comme épithètes... invariables. Orthonet a ainsi découvert que dans : « les données horaire » et « les matériels ( bureautique, », ou : « nos suites bureautique préférées » n’étaient pas des adjectifs mal accordés, mais des noms… invariables.

Les premiers dictionnaires, destinés à une minorité cultivée, fixaient l’orthographe de l’ « entrée », mais étaient assez discrets sur les formes dérivées (pluriels ou féminins irréguliers, formes verbales…) ; les éditions successives du dictionnaire académique, peu à peu, sont devenues plus explicites ; quant à ceux des éditeurs, ils poussent la prévenance jusqu’à vous fournir, en annexes, les tableaux de conjugaison (51 formes chacun). Aujourd’hui le plus modeste dictionnaire, souvent plus explicite que le Littré, nous rappelle la norme orthographique de plusieurs centaines de milliers d’unités du lexique. (Au siècle dernier, des linguistes, découvrant l’ordinateur, obtinrent des données quantitatives inaccessibles à leurs prédécesseurs ; c’est ainsi qu’on put constater qu’un « corpus » (un ensemble de textes contemporains) d’un demi-million de mots avait utilisé 19000 « mots différents », mais plus de 32000 formes différentes de ces mots).

Devant un mot rare, ou une forme rare, tout scripteur peut hésiter, mais le secours est à portée de main : le dictionnaire (souvent familial), même le plus modeste, nous dicte la norme de l’orthographe lexicale. Et puis nous lisons plus que nous n’écrivons. Beaucoup plus. Et nous lisons beaucoup plus de mots que nous n’en confions au stylo ou à un clavier ; et cependant, en lecture, nous ne rencontrons guère plus du quart des mots du dictionnaire Notre orthographe lexicale, même enrichie par quelques dictées, n’est vraiment mise en œuvre que pour une modeste fraction de notre mémoire LEXICALE.

Mais…que dire de l’ORTHOGRAPHE SYNTAXIQUE, l’autre face de la rigoureuse NORME de l’écrit ? - C’est la plus évidente différence entre ces deux contraintes, ces deux sources des « fautes d’orthographe ». Pour les mots : le dictionnaire : une liste aisément consultable, à base alphabétique, salutaire pour le scripteur victime d’une panne. Mais pour les phrases, pas de liste, pas d’inventaire… Pour savoir quelle est la forme à donner à un mot dans la phrase, avec quelles autres mots de la phrase il devra s’accorder, à quel temps ou quel mode on devra l’écrire…Cette fois, le secours d’une « règle » se justifierait. Où la trouver, cette règle ? Là, le dictionnaire se dérobe. Alors des souvenirs scolaires flottent dans une mémoire rebelle. Pas de liste des règles à l’horizon des orthographes ! Du reste, ont-elles des noms ou des numéros, qui permettraient de les classer ? La seule dont le nom soit parfois évoqué dans les appels au secours de notre messagerie, c’est une lointaine « concordance des temps », en général pour un « problème » où le temps verbal n’a aucun rôle, et par un scripteur qu’on n’a jamais informé que la norme actuelle n’applique plus cette antique « concordance », devenue mythique. Alors il faut s’aventurer dans une « analyse », qui met en jeu tout son vocabulaire scolaire, pour tenter de définir le rôle et la fonction du mot dans un contexte déterminant. Car chaque phrase a sa syntaxe propre, qui détermine les fonctions et l’ordre des mots ; son analyse est une tâche de celui qui veut l’écrire… sans fautes !

Autre inégalité entre nos deux orthographes. La norme lexicale du français a été fixée par l’Académie, donc par l’autorité de l’Etat ; elle a subi des rectifications importantes (voir notre page 3). Mais, à tout moment, chaque « mot » a son orthographe, seule forme correcte. Si certains auteurs l’ignorent, les « correcteurs » de l’ordinateur (ou les imprimeurs ?) corrigent… Rien de semblable pour la syntaxe. Plutôt qu’une norme stricte et « officielle », arbitrée et tenue à jour, elle s’inspire d’un « bon usage », celui d’une langue littéraire dont il est difficile de trouver le code. Elle évolue, en abandonnant lentement des usages (comme la trop célèbre concordance), en admettant quelques audaces, quelques emplois nouveaux. Il y eu, jadis ou naguère, des « remarqueurs », de vigilants arbitres de la langue, dont la presse publiait les avis… Ils n’ont guère de successeurs. Quant à l’Académie, elle prononce parfois des avis, souvent sur demande, et son site en publie de très significatifs… mais qui ne constituent pas un code syntaxique sans lacunes.

Notre norme orthographique, avec son double visage, est difficile, parce que la distance entre un bon usage oral, tant lexical que syntaxique, et sa transcription écrite… (sans fautes) est grande, parce que la norme de l’écrit est stricte, souvent arbitraire, et parfois incertaine. Dans le passé (1740, 1845, 1990), d’utiles rectifications ont été décrétées. Ont-elles amélioré le paysage ? Est-il sage d’envisager une vraie réforme, qui réconcilierait l’écrit et l’oral dans un « bon usage » commun ?

Notre prochain « entretien » mériterait mieux son titre si quelques habitués d’Orthonet nous faisaient partager leurs impressions, leurs avis, leurs préférences sur ce que nous avons dit et sur ce qui mériterait aussi d’être dit…
La messagerie les attend, vous attend...

La suite de ces deux entretiens (qui, en dépit de leur titre, étaient plutôt des monologues qu’un « dialogue ») vous sera proposée sur la page 7 de JUIN 2009.